A l’occasion de notre rétrospective sur les spiders Alfa Romeo dans notre n°120 de mai 2021, nous avons exhumé des poubelles de l’Histoire une curiosité, le Spider « Niki Lauda F1 », série limitée américaine de 1978 !
En 1976, Alfa Romeo effectue son grand retour en Formule 1 en tant que motoriste. La firme italienne s’associe à l’écurie Brabbham dirigée à l’époque par Bernie Ecclestone, à laquelle elle fournit le boxer à 12-cylindres de 3 litres dessiné par Carlo Chiti. Fin 1977, le double champion du monde Niki Lauda claque la porte de Ferrari et rejoint Brabbham. Cela ne lui réussira guère car il ne va remporter que deux victoires durant une saison 78 dominée par Mario Andretti et les révolutionnaires Lotus 79 à l’inoubliable livrée John Player Special. Dans l’immédiat, l’importateur américain d’Alfa Romeo se saisit de l’opportunité commerciale en lançant une série limitée « Niki Lauda F1 » sur la base du Spider Veloce. Lauda pose avec la voiture qui porte son nom pour le feuillet publicitaire et roule sur le circuit du Grand Prix de Long Beach au volant du premier exemplaire d’une série de 350.
En 1978, l’ex-Spider Duetto accuse déjà 12 ans de présence au catalogue Alfa Romeo. Depuis le remplacement du « coupé Bertone » par l’Alfetta GT(V), c’est le dernier membre de la famille Giulia encore fabriqué, et l’un des derniers cabriolets biplaces traditionnels vendus aux Etats-Unis avec la MGB, la Triumph Spitfire et la Fiat 124 Spider. Traditionnel, le Spider l’est cependant dans le bon sens du terme avec son fameux moteur deux litres à double arbre positionné à l’avant, ses roues arrière motrices et sa capote ouvrable en un clin d’œil sans descendre de la voiture ou presque. Son style daté s’inspire tout du même du prototype Superflow IV de 1959 et contrairement à une croyance répandue, sa silhouette à flancs creux et poupe molle, dessinée par Aldo Bravarone et Franco Martinengo chez Pininfarina, n’a pas fait l’unanimité à sa sortie. Surtout comparée aux précédentes Giulietta et Giulia Spider que certains considèrent comme les chefs d’œuvre absolu de la carrosserie italienne ! Ce qui a motivé un « coup de hache » salutaire en 1971 pour donner de l’allure et du nerf à ce qui ressemble à un profil de céphalopode privé de ses huit bras…
De son côté, la « Niki Lauda F1 » reprend la base du Spider Veloce Iniezone en configuration américaine. D’où le remplacement des mythiques carburateurs par une pompe d’injection mécanique fournie par la filiale Spica. Un dispositif tristement célèbre pour poser problème sur la Montreal ! D’où aussi les catadioptres latéraux réglementaires et les disgracieux pares-chocs allongés en matière synthétique. Peinte en rouge Alfa, l’auto se couvre de bandes adhésives noires bordées de blanc rappelant le décor de la Brabbham BT46. Le nom du sponsor Parmalat, le géant italien des produits laitiers est remplacé par celui d’Alfa Romeo, écrit en lettres tape-à-l’œil, la mention « Niki Lauda F1 » figurant à l’avant comme à l’arrière. Ajoutons sur les côtés un macaron spécifique associant le célèbre trèfle à quatre feuilles au nom du pilote autrichien, des rétroviseurs « aérodynamiques » à coque de plastique noir, des roues alliage Campagnolio Millerighe communes aux Montreal ou Alfetta GTV et surtout un béquet arrière proéminent en fibre de verre peint couleur caisse. Une décoration chargée et déjà riche en matières plastiques qui annonce les errements esthétiques d’Alfa Romeo dans les années 1980 ! Et vous, qu’en pensez-vous ?
Pour la petite histoire, le nom de Niki Lauda est de nouveau associé à une voiture en 2013 à l’occasion d’une commande spéciale de Ferrari 458 Italia réalisée pour un seul client. La livraison de l’auto fait suite à la sortie du film Rush dramatisant la rivalité entre James Hunt et Niki Lauda lors de la saison 1976…
Texte : Laurent Berreterot
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