Style et design au musée de l’Aventure Peugeot

Juil 28, 2024 | À la une, Actus, La fabrique de Young

Des maquettes et prototypes peu ou pas montrés au grand public, c’est la promesse tenue par
l’exposition Style & Design proposée par le musée de l’Aventure Peugeot jusqu’au 22 septembre.

Texte et photos : Laurent Berreterot

A l’origine de la longue série des prototypes de salon Peugeot, il y a les futuristes Quasar (1984) et Proxima (1986). L’Oxia (1988), qui avait la particularité d’être fonctionnelle, n’a curieusement pas été retenue pour cette exposition. Quarante ans après leur révélation, ces voitures de rêve extrêmes n’ont pas si mal vieilli, au-delà de leurs écrans périmés ou du cuir rouge capitonné, très kitsch, de la Proxima. Les jantes turbine à moitié carénées restent des marqueurs forts des années turbo.

Quelque peu oubliée, la 104 Peugette (1976) rappelle les travaux de Pininfarina sur les carrosseries
modulaires à éléments symétriques interchangeables, faciles à fabriquer. Des travaux découlant manifestement de la spectaculaire et très connue Modulo de 1970. Ce n’est pas le cas de la Griffe4, maquette Pininfarina de 1985, qui annonce les 405, 605 et Alfa 164 par son coup de gouge sur toute la longueur de la caisse, mais aussi la Subaru SVX par ses proportions et le traitement de ses surfaces vitrées.

Le Style Peugeot n’a pas dédaigné le thème du break, comme en témoignent les 206 Escapade et 407 Elixir. On regrette toutefois l’absence de la superbe et trop oubliée 306 Shooting Brake. On imagine le duo qu’elle aurait pu former avec la réplique de la 504 break de chasse Pininfarina. Bien sûr, choisir, c’est renoncer.

L’Aventure Peugeot n’a par contre pas manqué d’exposer la 20-Coeur, l’annonciatrice de la 206 CC au salon de Genève de 1998, à côté de sa lointaine inspiratrice à toit dur escamotable, la 401 Eclipse. Une fois retirée sa panoplie clinquante et ses cinq mini-feux stop prolongeant ses arêtes de coffre, elle ne diffère guère du modèle de série. Le Cœur de son patronyme entretenait l’incertitude quant au dernier chiffre du matricule définitif de la remplaçante de la 205 à six mois de sa présentation : 206 ou 207 ? L’affaire n’était pas tranchée pour les journalistes à l’époque. Pour l’anecdote, cette voiture d’aguiche a eu une première vie en tant que prototype de berline 3 portes. Elle avait été surprise en plein essai en Afrique et publiée en une de l’Auto-journal le 24 octobre 1996, soit deux ans avant le lancement officiel de la 206 définitive ! Christophe Bonnaud raconte l’histoire de cette remarquable prise dans son passionnant livre sur les scoops automobiles.

Saviez-vous que la capote classique en toile aurait pu faire son retour sur une 208 Cabriolet ou CT ? Le projet fut malheureusement annulé suite aux troubles des années 2008-2010. A noter que le prototype de présentation, très abouti mais jamais dévoilé au public, arbore des coquilles de rétroviseur gainées de cuir rouge ! Autre découverte, le RCZ Cabriolet, n’a pas non plus dépassé le stade du prototype car son toit, toilé lui-aussi, ne permettait pas de reproduire correctement le double bossage caractéristique du coupé. Mais la vraie raison de cet abandon n’est-elle pas à chercher dans la trop faible rentabilité du projet ?

Pas inconnue mais peu montrée, l’imposante 607 Coupé soulève une question plus difficile. S’agit-il d’une étude parallèle ou alternative à la 407 Coupé, que ce prototype de 607 réalisé chez Heuliez annonce par ses dimensions et son porte-à-faux avant très allongé ? On doute fort qu’il y ait eu la place sur le marché pour deux grands coupés Peugeot. De plus, la critique aurait une fois de plus pointé la puissance quelconque du V6 3l de 211 ch sur une telle baleine de segment H1 quand les marques de prestige en promettaient 40 ou 50 de plus pour la même cylindrée. Ce super-coupé aurait probablement fait un four. Dommage, car l’idée était séduisante.

A l’instar de Renault, avec la Fifitie, Peugeot a timidement touché au rétro-design sans concrétiser les choses en série. On connaissait déjà la 907 V12 (2004), inspirée par la Ferrari GTO des années 1960 et absente de cette rétrospective, mais pas la 204 Urban Distinctive, une maquette pleine jusqu’à mi-hauteur réalisée sous l’éphémère direction de Jérôme Gallix. Elle ressemble à une voiture de bande dessinée. Faut-il la regretter ? L’un des clous de l’exposition reste la 402 spéciale aérodynamique dessinée par Jean Andreau. Présentée au Salon de Paris de 1936 en tant « voiture de 1940 », c’est la manifestation la plus aboutie de la ligne “fuseau Sochaux” commune à toutes les Peugeot « 02 ». Cx : 0,38 ! Inspiré par la Chrysler Airflow, le modèle a pour une fois largement dépassé la copie. A n’en point douter une des plus belles manifestation de la mode aérodynamique en Europe.

Bien sûr, il y a pleins d’autres projets oubliés ou perdus que l’on aurait aimé voir révélés à l’occasion de cette exposition : les nombreux dérivés du programme J ou les coupés et breaks de chasse 305 notamment !

Mille mercis à Hervé Charpentier et Emmanuelle Flaccus de l’Aventure Peugeot

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