En balade : aux Citrons Boudés 2024

Août 27, 2024 | À la une, Actus, La fabrique de Young

Il y a les citrons adulés, ceux qui affolent les enchères et font vendre les magazines. Ce sont les Traction, 2CV, DS et SM. Et puis, il y a les citrons boudés, les oubliés, sous-cotés, mal-aimés, sans intérêt a priori. Ceux qui font débat sinon polémique ou tiennent, au mieux, le rôle du futur classique. Il s’agit des GS(A), CX, LN(A), Visa, BX, Axel, C15, AX, XM, ZX, Xsara, C5, C6, C2, et autres C3 Pluriel. Ces agrumes étaient tous là du 23 au 25 août à Sennely (45) pour leur septième rassemblement à l’initiative du LN/A-Visa Club de France.

Texte et photos Laurent Berreterot

Une belle réussite marquée par la présence de 220 visiteurs pour 130 voitures, dont une majorité de BX. Rien d’étonnant pour ces véritables couteaux suisses parmi les “Hydroën”. De la BX “Rien” à la 16 Soupapes en passant par les breaks et les séries personnalisées Image, Millésime et Ourane, pratiquement toutes les versions ont trouvé leurs émissaires, à l’exception des 4×4 et de la 4TC. Notons la présence d’une 19 Digit, sans doute la BX la plus accomplie avec son tableau de bord digital. Question ancienneté, on n’a pas trouvé plus âgé sur l’aire d’exposition que la BX 16 TRS rouge Vallelunga, de novembre 1982. Coup de cœur, enfin, pour la 14 RE bleu Camargue avec l’intérieur coordonné jusqu’à la tige de levier de vitesse.

Les Visa ont constitué la seconde famille la plus représentée. Prix Licorne pour la Sextant, même s’il s’agit d’une réplique sur base bicylindre avec découpe spéciale du hayon réalisée par un carrossier, mais la qualité du travail réalisé a fait illusion. Et puis, qui parmi vous a déjà vu une Visa Sextant en vrai ?

Après la BX il y a deux ans, c’était au tour du C15 d’être célébré pour ses quarante ans. Devenu un véritable emblème du monde rural et un antidote à tout ce que la modernité automobile a de détestable, ce héros malgré lui a même fait l’objet cette année d’un ouvrage de référence, acclamé par la critique, et publié aux éditions Citrovisie par Mathieu Turel. Lequel a fait le déplacement pour nous rappeler à quoi le C15 doit son succès étonnamment durable, le temps d’une conférence suivie par une séance de dédicaces. Le public, évidemment conquis, a pu apprécier la diversité des C15 présents sur le site : plusieurs à essence, très minoritaires dans une production globale composée à 90% de diésel, un RD Familiale très peu répandu en France (mais pas en Espagne), deux trop rares 4×4 Dangel et pas moins de quatre 6-roues sur la petite centaine d’exemplaires transformés par Christian de Léotard !

Coup de cœur pour le C15E rouge Vallelunga pas délavé (!) à moteur X, un des premiers modèles reconnaissable à ses roue à trois écrous et son absence d’élargisseur d’aile avant en plastique.

Pour rester chez les utilitaires, un beau C35RD a rappelé le cinquantième anniversaire du fruit le plus visible de l’alliance Fiat-Citroën. Un précurseur des fourgons Sevelsud plus franco qu’italien : fabrication Fiat (jusqu’en 1987), mais design et technologie Citroën.

Cinquantenaire également, la CX n’est plus vraiment boudée. D’où un nombre réduit de participantes, dont une rare 25 RI avec option ABS. Coup de cœur pour la 2200 Super vert Iroise de 1976 avec sellerie cuir mais sans Diravi, avec laquelle nous avons gagné le rallye-découverte de la Sologne du samedi. Sortir les biscotos en manœuvre est une expérience très étrange pour un habitué à la Diravi ! Autre coup de cœur chez les CX, la 20 Leader série 1 de Thierry a la particularité rare de posséder encore ses couvre-jantes d’origine, taillés aux dimensions des roues spéciales pour pneus TRX, ce qui n’est pas le cas des enjoliveurs des Leader série 2, prévus pour des roues de 14 pouces. Au-delà du décor latéral biton, très à la mode dans les années 1980, le retrait des baguettes de protection latérales, caractéristique des premières Leader, permet de retrouver un peu de la pureté de la CX originelle.

J’ai été étonné du faible nombre de GS. Voilà sans doute l’Hydroën la plus accomplie de la période Lefevre-Michelin mais aussi, hélas, la plus décimée.

Il n’y avait pas beaucoup de XM non plus. Deux versions ont symbolisé les fleurons des deux époques du modèle : phase 1 contre phase 2, V6 ZPJ4 contre ES9J4, Diravi contre non-Diravi, les deux étant équipés de la boîte manuelle. En terme d’entretien, les spécialistes préfèrent la seconde, mais sur la route, le choix me paraît déjà moins évident. Duel et débats passionnants en perspective !

Parmi les “vraies” boudées, l’Axel se situe en haut de hiérarchie, en dépit de sa réhabilitation dans les milieux érudits depuis de nombreuses années. Elle fête aussi cette année ses quarante ans, ce qui en fait selon moi la vraie vedette de ce rassemblement. Trois exemplaires représentant les trois versions (Axel, Axel 11R et Axel 12 TRS) ont pu gagner Sennely, sur les six (?) inscrits. Au-delà des blagues attendues sur la fabrication roumaine et la fiabilité questionnable de l’engin, le public a pu se rendre compte à quel point l’Axel diffère de la Visa avec laquelle on la confond souvent. Et avec laquelle elle ne partage quasiment aucune pièce. Combien aussi elle lui est supérieure (du moins en conception) grâce aux argumentations aussi éclairées que passionnées d’Eric Vassas venu d’Alsace. Sa magnifique 12 TRS blanche, une des mieux conservées et entretenues de France, a amplement mérité le prix spécial de ce rassemblement. Et mon Prix Licorne !

Notons la présence d’Axel Bornand, fana de la voiture qui porte son prénom. Il a notamment traduit en français l’excellent ouvrage du néerlandais Thijs van der Zanden : Axel & Oltcit, les Citroën de l’Est. Un livre qui fera de vous un érudit en citrons boudés.

Coup de cœur, enfin, pour l’AX GTI rouge Griotte de Grégory, venu de Tarbes. Cette version tardive, arrivée alors que la mode des GTI déclinait déjà, tient presque de la licorne aujourd’hui. Elle partage mon prix avec la 10E de pompiers, remarquable pour son état clinique. Peu utilisés, les véhicules de pompier présentent souvent une étonnante fraîcheur.

Dans la même génération, je n’ai aperçu qu’une seule ZX furtive. Dommage ! En matière de citrons boudés, cette génération compte nombre de pépites : Volcane 1.9i, 16V, Furio 1.8i, Exclusive, voire, soyons fous, Avantage 1.4 Paris-le-Cap !

Les “activistes” ont naturellement fait le déplacement avec leur Xantia qui vire presque à plat, mais c’est le break 2.1 Turbo D rouge d’Enfer que j’ai le plus remarqué, pour sa configuration pas banale dans un pays où le gris métal est roi.

Seulement deux C6, une 2.2 et ma 2.7, ont représenté la plus boudée des grosses Hydroën. L’unique SM paraissait aussi menue que plate à côté. Pas boudée Sa Majesté la Sport Maserati ? Aujourd’hui, non, mais en son temps, assurément, surtout après 1973.

Il reste les cas les plus “difficiles”, j’ai nommé les Xsara Picasso, C3 Pluriel, C1, C-Crosser et C5-X, toutes représentées à Sennely. Des candidats pour les défendre ? Dans cette catégorie, une C8 V6 ne me déplairait pas.

J’en oublie forcément. Mille mercis en tous cas à Laurent Lambert, à sa famille et à toute l’équipe de bénévoles pour la réussite de ce rendez-vous bisannuel. On reviendra !

 

6 Commentaires

  1. Evan L

    Ravi de savoir que j’avais la plus vieille BX de cette concentration ! C’était un super week-end, a dans deux ans !!

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  2. Lambert

    Il parait que c’est un bon rassemblement, mais j’y ai jamais participer.
    Merci Laurent pour se tres bon recit…

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  3. Hugueville

    Très bel article qui représente bien la qualité de cette tres belle expo!
    Merci au rédacteur de l article de nous faire partager ces photos. Bravo au membres du LNA VISA CLUB DE FRANCE.

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  4. Stevie

    Bonjour, Je peux aussi comprendre l’intérêt pour les AX, ZX et autres – ces modèles de niche (malheureusement encore) sont de plus en plus populaires. En tant que voiture neuve, l’AX était le rêve de mes premiers jours de possession d’un permis de conduire, mais je n’ai pu le réaliser qu’il y a quelques semaines, et je conduis maintenant une 5 portes de 29 ans avec seulement 56.000 km au compteur. Quel confort de conduite, que l’on peut acquérir à des prix vraiment très avantageux, en excellent état, et qui, en plus d’une faible consommation, apporte notamment une assurance et des taxes très avantageuses. AX-cellent ! (on peut aussi l’acheter sous forme de sticker, je l’ai conçu : https://www.redbubble.com/i/sticker/Citroen-AX-excellent-Paris-sticker-by-ami61/164891287.EJUG5)

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  5. Maxime QUETARD

    Très sympathique reportage, M. Berreterot, très bien écrit, avec un “zest” d’humour. On sent la passion dans vos mots, c’est très appréciable pour le lecteur, même un lecteur Youngtimers non “Citroënniste”… qui fut pourtant propriétaire d’une BX Leader D en 2001-2003, d’une Xsara Coupé HDI 90cv (top voiture) en 2003-2008 et enfin d’une C8 2.2 HDI en 2019-2023 !
    Toutes d’excellentes voitures, finalement. On ne le réalise qu’ensuite, c’est peut-être ça l’effet Citroën…

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  6. JEROME

    Comme d’habitude, très bien écrit.

    N’étant pas fan, à part exception, des Citroën…,
    J’ai pourtant lu l’article deux fois.

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